1906
v. - Le procès du syndicalisme révolutionnaire
Des ambitions de 1906 à la faillite de 1914 quinquagénaire par ses observations de 1919 à 1956
est capable de mesurer le chemin parcouru, de constater la disparition de cértaines pratiques réactionnaires plus humiliantes encore ·qu'oppressives pour les travailleurs,
Ce n'est pas cependant le véritable procès. Les plus intelligents commentateurs du syndicalisme de 1906 reconnaissent son efficacité temporaire et sa valeur morale, mais le jugent lié à des temps révolus, définitivement périmés, incapable de s'adapter aux techniques actuelles, après avoir prouvé son i:µ1puissance, lors des grandes crises subies par l'humanité depuis 1914.
Il est inutile de revenir ici sur la faillite de 1914.
L'abdication des dirigeants de la C.G.T. a alimenté, pendant de longues années, toutes nos luttes de tendances.
Parce qu'elle touchait les meilleurs d'entre nous dans leurs misons de militer et de vivre, elles nous a obligés souvent à diriger nos feux sur un seul point. Nous avons ainsi fourni des arguments contre le syndicalisme révolutionnaire à des gens qui avaient également abdiqué ou qui s'étaient résIgnés facilement à des abdications aussi impardonnables: celle de l'Internationale socialiste, celle des anarchistes, celle des démocrates,. celle des intellectuels sorbonnards et libéraux. Il est vrai que des minorités ont réagi. Mais les premières réactions émanèrent de syndicalistes révolutionnaires : Monatte et Merrheim, par exemple. . C'est à dessein que nous citons ces deux noms qui personnifiaient en 1914 le groupe de la Vie Ouvrière. Leur constance et les défaillances d'autres s'expliquent peut-être par la crise intérieure .qui avait quelque peu dissocié la phalange de 1906. Merrheim, après Pellciutier. et Gï'iffuelhes, avait subi l'assaut des jalousies sordides et de la démagogie irresponsable. Mais aussi le souci de voir au
Originalité du syndicalisme révolutionnaire
Cependant, les objections de Malatesta appellent encore l'attention. Sans doute opposait-il le ({ lumpen-proletariat », le prolétariat en haillons, les déclassés, aux troupes syndicales, au sein desquelles l'égoïsme du métier provoquait fatalement des divisions. Mais c'était surtout le « finalisme anarchiste» qui, parallèlement au finalisme socialiste, inspirait ce mépris du syndicalisme, moyen qui ne peut se suffire à lui-même. Pire, avaient déjà dit Sébastien Faure et Paraf-Javal : les ouvriers syndiqués sont des ennemis de la Révolution - le syndicalisme, s'il réussit, « fait durer la société capitaliste ».
On n'oserait pas confondre Bebel et Malatesta.
Cependant, au moins sur un point, leurs critiques du syndicalisme se rejoignent. Ce n'est qu'un mouvement. Et les disciples de l'un ou de l'autre ne pardonnaient pas au syndicalisme de les frustrer de leur clientèle en fournissant aux ouvriers un moyen d'amélioration de leur sort.
Les rapports entre l'anarchisme et le syndicalisme s'éclairent par deux coïncidences historiques, Avant l'organisation de la Fédération des Bourses, pendant la dépression, le noble désespoir des anarchistes de la propagaI1de par la bombe s'apparentait à la grandeur tragique des nihilistes russes.
Au début du XX' siècle, des anarchistes individualistes, par « la reprise individuelle » ne cherchaient trop souvent que « l'alibi idéOlogique ». Et lorsque les signes précurseurs du conflit mondial se décelèrent dans le subconscient populaIre, lorsque la génération syndicaliste de 1906 avait perdu sa vigueur et sa cohésion, la révolte du dé-
Pour juger le syndicalisme de 1906, le débat idéologique n'a guère de valeur. L'efficacité pourrait se mesurer aux résultats acquis avant 1914. Et malgré les effarantes thèses staliniennes sur « la paupérisation absolue de la classe ouvrière » il est difficile de nier que les grèves furent en majorité victorieuses, que les salaires réels augmentèrent (surtout dans les corporations où l'action syndicale fut vigoureuse), que les conditions de travail furent améliorées (11). Au reste un mouvement d'une telle importance ne se juge pas à ses effets immédiats. Des revendications de 1906 telle la journée de 8 heures - ne furent satisfaites qu'en 1919. Certaines ne le furent qu'en 1936. A lire des témoignages impartiaux sur la vie ouvrière de 1900 à 1914 (ne serait-ce que le beau roman de l'ami Poulaille : Le pain quotidien) un
(11) Les comparaisons ne fournissent jamais que des résultats très approximatifs. Même lorsque l'on veut comparer les salaires réels mesurant le pOUVOir d'achat - car la qualité de ce que l'on achète échappe à la statistique. - Notons cep end nt que selon Herbert Heaton les salaires réels dans toute l'Europe auraient diminué légèrement de 1900 à 1914. Or selon Paul Louis (Histoire de la classe ouvrière), le salaire quotidien moyen d'un mineur français est passé de ·3 fI'. 79 en 1890 à 4 fI'. 57 en 1902 et 5 fI', 40 en 1913. A Paris la moyenne pour le bâtiment passe de 6,7 en 1906 à 8,05 en 1911, certains ouvriers qualifiés de la métallurgie atteignaient en 1914, 11, 12 et 16 fI', pal' jour, le typo parisien de « labeur » gagnait 8 fI'. 10 pour 9 heures et 9 fI'. 30 pour 10 heures; le « canardier », 11 fI'. pour un « service » de jour de 7 heures et 13 francs pOUl' un « service» de nuit,
Paul Louis repère ainsi le salaire réel: avec son gain quotidien un ouvrier qualifié peut acheter : en 1884 : 18 kg. de pain ou 4.880 gr. de viande ; en 1913 : 26 kg. de pain ou 5,600 gr, de viande.
sespoir et l'appétit de jouissance' inspirèrent Gal" nier, Bonnot et les « bandits tragiques ».
Hors quelques grandes âmes isolées, l'anarchisme s'était dépouillé de sa vertu et de sa sève au profit du syndicalisme révolutionnaire.
Mais, lorsqu'il s'agit d'une idéologie aussi difficile à définir et à délimiter que l'anarchisme, le témOignage des artisans reste le plus édifiant. Or, les hommes de 1906, les rédacteurs de la Charte d'Amiens - quelles que furent leurs tendances personnelles - se sont défendus d'avoir conçu un message anarchiste.
({ Nous n'étions plus, écrira Griffuelhes en 1920, ni anarchistes, ni jauressistes, ni guesdistes, ni allernanistes, nous n'étions plus que des syndicalistes. »
On peut admettre avec Edouard Berth que le syndicalisme révolutionnaire s'enrichit de l'héritage de Marx et de celui de Proudhon - avec A. Dunois (Les Temps Nouveaux) qu'il réconcilie Marx et Bakounine - ce qui permit à Fritz Brupbacher de se proclamer social-démocrate,.. et anarchiste.
Il est évidemment facile d'établir de tels rapprochements. Si l'on veut bien reconnaître qU'Il s'agit de rencontres involontaires, sinon inconscientes, L'expression du syndicalisme révolutionnaire que fut la Charte d'Amiens ne doit à Marx, Proudhon et Bakounine que la formation de ses rédacteurs - et, quoi que l'on ait écrit, ne doit absolument rien à Georges Sorel.
Ce sont bien des idées nées de l'expérience ouvrière, conçues hors de toute influence extérieure, contre toute influenctl extérieure .. , « confuses peutêtre comme la vie elle-même, mais qui se sont illuminées au feu de l'action ».
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delà des réalités présentes et des frontières nationales, l'effort de documentation et de prospection qui avait abouti à la prévision précise du conflit impérialiste, ne convenaient guère à des militants qui laissaient à leur seule intuition le soin de les guider.
Le syndicalisme révolutionnaire fut une des victimes de la guerre. Mutilé par l'union sacrée, il aurait pu renaitre avec la minorité internationaliste. Celle-ci ne se distingua pas nettement de la cohue des révoltés, et la Révolution russe, à laquelle elle adhéra presque unanimement, détermina une déviation plus meurtrière encore (12).
Le bolchevisme et le syndicalisme révolutionnaire
C'est là le point le plus névralgique de la controverse. On a voulu établir la filiation entre le syndicalisme révolutionnaire et le bolchevisme. On a surtout incriminé le syndicalisme révolutionnaire d'avoir créé l'atmosphère favorable au bolchevisme.
Vous croyez que la réponse est facile. Détrompez-vous! Vos contradicteurs appartiennent à deux types qui n'admettent la contradiction qu'à condition d'avoir... « le premier et le dernier mot », Celui de l'ancien et futur chef. Celui du savantasse marxiste. Humblement vous faites observer que Lenine fut le disciple de Karl Kautsky avant d'être son Impitoyable adversaire; que si Trotsky a parlé avec une ardente sympathie des syndicalistes français ce fut toujours sur le ton de la surprise ... puis de l'objurgation de plus en plus sévère ; qu'aucun des dirigeants du Parti Communiste ou de la C,G,T.U. depuis 1921 ou de la C.G.T. actuelle ne se forma dans le syndicalisme révolutionnaire ; que si l'Angleterre et les Etats-Unis (où d'ailleurs le syndicalisme révolutionnaire se manifesta et survit aujourd'hui) ont résiste à la bolchevisatIon, l'Allemagne patrie du marxisme orthodoxe a porté un puissant parti communiste avant de se ·livrer à Hitler ; qu'en Espagne et en Italie (où l'anarchosyndicalisme a longtemps dominé le mouvement ouvrier), il a fallu la guerre civile et étrangère et le fascisme pour que se développe le parti stalinien.
Le chef et le doctrinaire mépriseront les faits contraires à leur thèse. Ce qu'ils ne pardonnent pas au syndicalisme révolutionnaire, c'est d'avoir nié les hiérarchies établies, de représenter la rébellion permanente contre l'Etat, le mouvement spontané aux fins imprévisibles, la création improvisée hors des colonnes dirigées et de la stabilité dirigiste. C'est-à-dire qu'ils opposent le syndicalisme révolutionnaire à tout ce qui a permis le passage du bolchevisme au totalitarisme stalinien.
Nous serons plus honnête que nos contradicteurs, en reconnaissant cependant que deux facteurs ont pu justifier la confusion.
Celui de la révolte instinctive des masses ouvrières, qui a souvent favorisé le syndicalisme révolutionnaire et que le bolchevisme a utilisée. Mais le « lump en-proletariat » et les manœuvres sans qualification professionnelle y cèdent beaucoup plus facilement que les « gens de métier » formant en 1906 l'armature de la C.G.T. D'autre part, en 1919, la révolte propice à la propagande communiste était née dans les tranchées, contre la guerre, ses responsables et ses profiteurs.
Celui de la parenté - qui motiva notre adhésion à l'Internationale Communiste - entre les Bourses du Travail de Pelloutier et les Soviets, entre les « minorités agissantes de 1906 » et un parti ouvrier
(12) Mais cette déviation ne fut pas abdication des syndicalistes Zimmerwaldiens qui même en défendant la Révolution d·octobre· 1917 s'élevaient contre 1& liaison organique· entre ·Ie Parti· et les syndicats et qui comptèrent parmi les premiers opposants au stalinisme.
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essentiellement nouveau. Parenté qui n'existait que dans nos désirs et notre imagination.
Les Soviets - même pour Lénine - n'avaient pas d'autre rôle que de hisser le Parti au pouvoir. Quant aux minorités agissantes (terme dont ,on a quelque peu abusé) elles représentaient pour les syndicalistes de 1906 la « force potentielle » qui dans l'entreprise ou la corporation maintient la capacité de résistance et de revendication, alors que la majorité est redevenue passive. Qu'ellès forcent ou surprennent la majorité dans quelques cas exceptionnels, qu'elles l'entraînent ou la suivent, elles n'étaient pas animées par d'autres intérêts ou d'autres sentiments que ceux de tous les ouvriers.
Les « cellules» bolcheviques ne furent jamais que les organes de transmission des cercles de « révolutionnaires professionnels » centralisés sous une direction monolithe, dont les survivants constituèrent les cadres de la bureaucratie stalinIenne.
Le syndicalisme, briseur de machines ?
Faut-il enfin enterrer le syndicalisme révolutionnaire, parce qu'il n'a pas été capable de s'adapter à la grande mutation industrielle de 1920 à 1930... parce que correspondant à l'époque des gens de métier, il devenait anachronique lorsque les industries furent envahies par la masse des manœuvres spécialisés?
Hélas 1 l'enterrement avait précédé le phénomène. Des causes, que nous avons préciSées souvent, étrangères au mouvement, antérieures à cette mutation, avaient déjà dispersé la phalange de 1906... Et la bolchevisation isola ceux qu'elle ne pouvait corrompre. Faut-il rappeler, à titre d'exemple, l'expérience des conseils d'usine, entreprise en 1924 par Delagarde, secrétaire des Métaux parisiens, qui fut sabotée par le parti, parce que l'initiateur n'était plus dans la ligne?
Par opposition, on peut, quant au développement du syndicalisme industriel, noter le succès du C.I.O. américain, dont l'action (sinon les idées) rappela par plus d'un traIt celle du syndicalisme de 1906.
Mais si l'on voulait se donner la peine de relire la collection des pUblications syndicales de 1906 à 1914 (et particulièrement celle de la Vie Ouvrière, depuis 1909), on s'apercevrait que les militants syndicalistes révolutionnaires étaient non à « la traîne », mais bien au contraire fortement en. avance sur leur temps.
Victor Griffuelhes dénonçait en 1911 l'orientation des capitaux françaIs captés par les émissions d'emprunts étrangers et inutilisables dans l'industrie française. Il opposait - déjà 1 - le dynamisme du patronat américain au conservatisme réactionnaire du patronat français.
Merrheim, au congrès de 1912, appuyait sur cette idée féconde que la revendication ouvrière stimule le progrès technique et affirmait que « si l'action révolutionnaire s'était faite vingt ans plus tôt, nous n'aurions pas une industrie aussi arriérée ».
Et il ne s'agit pas de simple verbalisme - si pertinent que soit le verbe -. Ce sont les monopoles privés que combattaient les syndicalistes. C'est le Comité des Forges - dont le « malthusIanisme économique » fut un des thèmes de la propagande socialiste de 1919 à 1924, Merrheim, dès 1904, en avait exploré minutieusement les positions.
Michel Collinet, dans son œuvre Esprit du' syndicalisme, a longuement décrit les débats sur le caractère des fédérations - de métiers ou d'industries. En particulier les conflits entre la Fédération des Métaux et le syndicat des Mouleurs ou la Fédération des Mécaniciens appellent encore l'attention et anticipent sur la lutte de « compé-
tences » qui retardait l'unité de l'kF.L. et du C,I:O. aux· Etats-Unis, non' il y. a Cinquante ans, mais il y a à peine quatre ans,
Reste le développement du machinisme aboutis.sant à J'automatisme presque parfait.
IJa: disqualification et la disparition des métiers, la: ((. déshumanisation des ouvriers » furent, non entrevus, mais prévus avec une remarquable cla:Irvoyance . par les plus authentiques représentants . du syndicalisme révolutionnaire. Et personne n'a mieux caractérisé les excès inhumains et les aberrations scientifiques du taylorisme que .Merrheim encore et Emile Pouget dans son étude sur (( l'organisation du surmenage » (914).
.:0,1';05 que l'on aborde cette question on se heurte à. \Ine autre caste : celle des futurs technocrates, tou~ dispos'és à dire: qu'importent de vagues humanités, pourvu que la machine se perfectionne ... Ne· les taxons pas de férocité. Ils tl:aiteront de « . briseurs de machines » les malheureux syndicalistes qui s'efforceront de garantir leurs mandants contre le chômage. Ils seront - dans leur grande majorité - beaucoup plus tolérants. devant les paysans à l'exploitation archaïque, les petits commerçants en: nombre pléthorique, les profiteurs de privilèges coloniaux opposant des (( hérissons arm'és » aux revendications indigènes et aux crédits américains .. ,
C'est qu'ils pensent - avec raison - que le syndicalisme ouvrier demeure· le principal obstacle à' ·leurs ambitions dominatrices.
[1 faut prendre la seule route encore ouverte
Admettons cependant que le syndicalisme révolutionnaire et son corollaire : la revendication ouvrière provoquant le progrès technique, n'aient été, efficaces qu'au temps du libéralisme économique. Admettons également que cette étape soit depuis longtemps dépassée, que l'interventionnisme étatiste ait faussé le mécanisme de la lutte des classes.
Ce··qui reste à prouver, c'est que nous n'avons pas dépaSSé cette deuxième étape, c'est qu'il n'y a pas aujourd'hui antinomie irréductible entre le pl"Ogrès technique et humain et l'étatisme national.
Vérité banale: l'évolution économique normale est· entravée par la souveraineté des Etats, Vérités dont l'évidence apparaît à tout homme de bon sens·' et de bonne foi:
1~ Il faut détruire les Etats souverains, sortir des, institutions et des PARTIS nationaux;
2° Il faut opposer une volonté humaine à l'anéantissement de l'homme par la machine,
Cette double opposition peut-elle se concevoir hors d'un retour au syndicalisme révolutionnaire, rajeuni, renouvelé, groupant tous les (( exécutants » autour des ouvriers manuels, s'étendant audl'!là .des frontières et des océans?
Nous ne concevons pas d'autre opposition, Mais nous. nous gardons d'affirmer que celle-là se manifestera fatalement, Nous n'osons même pas lui accol'der le bénéfice d'une probabilité tendant vm:s la certitude,
'Cé' dont nous sommes convaincus, c'est qu'il n'en est 'pas' d'autre,
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La Charte d'Amiens, avons-nous dit, exprime .Ia conscience et la volonté de puissance··de la classe ouvrière.
Réunir sous ce drapeau tous les exécutants de toutes les industries, de toutes les administrations. et ranimer leur force vitale, c'est pour nous le seul moyen d'empêcher la formation de classes paraSitaires indispensables à un Etat totalitaire : qu'il s'agisse du mandarinat intellectuel, du bureaucratisme gouvernemental ou. syndical, de. la technocratie,
Mais la Charte d'Amiens, pour demeurer vivante, réclame tout autre chose qu'une adhésion de principe : elle fait de (( l'action directe », au sens complet du mot, le seul moteur de tout progrès social et humain.
Cependant que nous relisons la Charte d'Amiens par une matinée ensoleilléE! entre deux orages, nous entendons des voix jeunes qui scandent une chanson de marche d'origine assez récente :
(( Sur la route, il y a des pierres et des cailloux ... il y a de la poussière et de la boue... plus on va, plus il y en a .. , »
Jeunes travailleurs, sportifs, Amis de la Nature, adhérents des (( Auberges de Jeunesse », vous jouissez - joie que nous n'avons gUère connue _ de libres ébats dans la saine nudité de vos corps, Vous usez de la motorisation sans être usés par elle.
Accepterez-vous de subir dans votre vie professionnelle et sociale les contraintes inhumaines dont vous vous délivrez pendant vos loisirs?
Sinon, il faut vous préparer à des performances qui exigeront plus de courage et d~ ténacité que vos exploits sportifs,
L'inspiration (( volontariste » de la Charte d'Amiens se retrouve dans votre refrain ironique et revigorant :
Bonne chance à qui nous écoute! Bonne route à qui nous suivra!
P.-s. - Nous n'avons pas la possibilité de modifier, comme nous l'aurions désiré, le texte paru dans la « R.P. », qu'il aurait fallu simplifier en certains endroits, étoffer en d'autres.
Ce que nous voulons surtout, en « actualisant la Charte d'Amiens », c'est en dégager l'esprit et l'essence, c'est prouver l'efficacité du syndicalisme révolutionnaire, c'est délivrer les militants ouvriers de leur complexité d'infériorité.
Nous n'ajouterons ici qu'une précision. C'est que les investigations de Merrheim lui firent égaiement dénoncer la malfaisance du « Cartel International de l'Acier )J. Et une rectification : le parti ouvrier socialiste révolutionnaire de J. Allemane n'aurait jamais adhéré au Parti socialiste. français avant l'unité de 1905 ... Nous avons eu· tort de nous référer aux historiens officiels du socialisme.
R. H.···
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